Le témoignage Catherine Dolto

Dr Catherine Dolto
Dr Catherine Dolto

Pourquoi je crois en la méthode Davis ?
Penser trop en avance sur les autres est une chose risquée.
Défricher des chemins hors des sentiers battus par la science officielle c’est s’exposer à n’être pas écouté et à être réfuté avant d’avoir été vraiment entendu. L’histoire de la pensée scientifique est pleine de ces histoires qui se répètent au fil des siècles au point qu’on s’étonne de se laisser encore prendre par ces querelles qui freinent le déploiement de la réflexion. Des l’enfance j’ai eu la chance d’entendre les grandes personnes parler de leurs travaux, j’ai été grandement aidée à chercher ce qui me paraît vrai et juste au delà du conformisme par une mère que j’ai souvent entendu dire au retour d’une conférence : « tout le monde a été d’accord avec moi c’est donc que je n’ai rien dit d’intéressant ». Par ailleurs je fais partie de la génération des jeunes pédiatres qui ont commencé à exercer à une époque où la science n’ayant pas prouvé l’existence des voies de la douleur chez l’enfant par conséquent on n’anesthésiait ni sédatais pas les tout petits. Cela a duré jusqu’à la fin des années 80 et c’est grâce à quelques esprits libres qui ont acceptés les railleries des scientifiques que les choses ont fini par changer. Mais ce fut un long combat.

La dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, sont des champs d’étude d’une très grande complexité où se croisent des processus neuronaux, cognitifs, culturels et affectifs. Nos connaissances sur le développement et le fonctionnement du système nerveux sont en plein essor mais elles sont encore très partielles par rapport à ce qu’elle seront dans vingt ans et elles ne sont certainement pas suffisantes pour nous donner une vision globale et définitive de la manière dont se font le stockage et le déstockage des informations nécessaires à l’acquisition des connaissances et à l’organisation de la pensée.
Peu à peu nous sortons de la conception dualiste qui sépare le corps de l’esprit et nous commençons à comprendre combien les perceptions, les sensations, les émotions et les sentiments jouent un rôle capital dans l’organisation de nos facultés cognitives et la construction de notre pensée. Nous commençons seulement à percevoir l’importance et la nature de la symphonie proprioceptive qui sous tend notre intelligence et notre présence au monde. La vie affective étant sans doute le chef d’orchestre secret qui dirige cette symphonie.

Ron Davis a fonctionné en clinicien et il fut son premier cas clinique puisque c’est à travers son expérience personnelle qu’il a construit un système de pensée totalement novateur. C’est sans doute une des raisons de son succès, car sa méthode fonctionne et a aidé des milliers de dyslexiques en souffrance. C’est aussi probablement ce qui le rend suspect aux yeux des praticiens qui n’ont pas eu l’occasion de connaître cette approche à travers ses succès thérapeutiques. J’ai eu cette chance, j’ai vu des patients se transformer, sortir de leur sentiment d’infériorité, reprendre gout aux études et j’ai vu se déployer en eux tous les immenses effets bénéfiques d’une intelligence qui se dévoile et de la confiance en soi retrouvée ou découverte.
Dans le quotidien des thérapeutes les questions d’apprentissage, de réussite scolaire, de concentration, des « dys » dans leur ensemble pour dire vite, tiennent une place importante. Les parents et les enfants attendent de nous une aide concrète, efficace. La manière dont nous les orientons vers tel type de rééducation ou de thérapie est d’une importance cruciale. Les écoles de pensées sont nombreuses et souvent intéressantes et c’est une chance d’avoir le choix et de pouvoir réfléchir en fonction des indications ce qui n’a pas toujours été le cas. Dans l’état actuel des choses l’approche de Ron Davis est une des plus intéressantes parce que c’est celle qui permet d’aborder ces difficultés de la manière la plus globale et la plus complexe en considérant le patient comme un tout. Un être sentant, percevant/pensant, imaginant, d’une manière toujours singulière auquel on offre une aide adaptée à sa manière spécifique de percevoir le monde. Cette méthode met en jeu au même moment le geste de la main et la pensée en tant que mouvement. « La main est la partie visible du cerveau » disait déjà E. Kant.
Le mouvement est un tout, on l’a trop souvent oublié, voir nié par le passé. S’ajoute à cela la dimension de la relation avec le praticien, d’abord parce que le travail s’inscrit dans la continuité d’une session qui s’étale sur plusieurs jours ce qui permet que l’accordage s’établisse progressivement, ensuite, et c’est à mes yeux très important, parce que cette pratique qui s’invente et se ré invente pour chaque patient implique un engagement particulier de la part du praticien auquel les patients sont très sensibles.
Dr . Catherine Dolto
Hapto psychotherapeute